le saviez vous 13 to 23
le saviez vous 13 to 23
Saviez-vous que c’est uniquement en mars que l’Homme se met en quête de vérité ? Les autres mois, il dort, roulé en boule dans son terrier.
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Saviez-vous que le mode de vie de l’Homme est en train de changer ? Vers l’âge de quatre ans, il quitte son groupe pour fonder une famille et choisir son terrain de chasse. Paresseux, il s’installe dans les savanes où abondent les barres chocolatées, les frites et les "nuggets ", ses proies favorites.
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Saviez-vous que le geai et l’Homme ont ceci en commun qu’ils amassent plus de nourriture que nécessaire ?
Saviez-vous que l’histoire de l’Homme commence avec ses mains et que l’histoire des mains de l’Homme commence avec ses pieds ?
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Saviez-vous que si pour la vache, l’Homme est main, pour le chat, l’Homme est face, pour le serpent, l’Homme est botte, pour le chien, l’Homme est corde, pour le moustique, l’Homme est sang, pour le taureau, l’Homme est papillon ? Saviez-vous que si pour le moineau, l’Homme est pain ? Saviez-vous que pour la sardine, l’Homme est catastrophe naturelle ?
Saviez-vous qu’aux États-Unis, on étudie précisément une étrange créature, mi-Homme, mi-catastrophe naturelle. Conservé dans un bloc de glace, il est exposé dans les foires aux affaires et les plateaux télé. Sa véritable nature suscite la plus vive curiosité parmi les savants, les militaires et les experts en "commercialisation". Serait-il le dernier Homme à la mode ? Nous ne devrions pas tarder à le savoir…
Saviez-vous que lorsque l’Homme, le poisson, la limace, le lapin et le scorpion campent ensemble à Kalgan, ils ne résistent pas à l’impérieuse nécessité de s’élancer dans la traversée du désert de Gobi ? Le poisson tombe rapidement en panne sèche, mais aucun des autres membres de l’expédition ne s’en aperçoit (ou ne fait mine de s’en apercevoir, car c’est un redoutable concurrent). La limace et le lapin sont presque morts de soif quand dix jours plus tard, des nomades les découvrent. Pendant ce temps, le scorpion file à cent à l’heure, se ravitaillant aux dépôts que, prévoyante, l’entreprise qui le parraine a fait installer sur sa route. L’Homme, lui, n’a pas fait cent mètres qu’il manque déjà d’essence, d’argent, de vivres...
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Saviez-vous que dans cinquante ans, l’Homme, qui ne vivra plus guère que dans l’ouest de la république démocratique de Chine (estimation : 20 000 individus au plus) sera enfin considéré comme le primate le plus autodestructeur qui soit ?
C’est pourquoi on le rencontrera rarement dans les zoos.
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Saviez-vous que l’originalité de l’Homme tient en ceci que très tôt, au lieu de buter contre un mur, il bute contre un mot fait mur ?
“C’est dans l’activité du corps, qu’émerge le sens du monde”
Saviez-vous que le cerveau du ver, de la mésange ou de l’Homme est une machine non logique, et que les décisions qui y sont prises relèvent plus d’un état donné d’équilibre global d’ordre physico-chimique que de l’application de règles immanentes ou de propriétés acquises par le raisonnement logique, fut-il rationnel en fin et en moyen ? Saviez-vous que c’est la dynamique de cet état d’équilibre qui pousse le ver à ramper dans la direction opposée à votre botte, la mésange à stocker ses graines dans des centaines de lieux différents et l’Homme à trouver des raisons de croire qu’il possède une âme ? Saviez-vous que cet état est à la fois matériel et immatériel, tout comme la lumière est à la fois onde et particule, en ce qu’il est le fruit d’une symbiose réactionnelle parfaite entre les phases d’états physico-chimiques du cerveau et les tranches d’expérience successives associant dans un même mouvement, une même torsion semblable au ruban de Möbius, la perception et l’action ? Saviez-vous que cet état naît à la vie lorsque, de synapses en synapses, une cartographie d’ordre physico-chimique inconnue auparavant, qui est à la fois tension spatiale et temporelle, se forme dans le cerveau pour signifier ce qui est désirable ou non de faire, de dire et de penser ? Saviez-vous que de loin en loin, cet état cèle la naissance du ver, de la mésange et de l’Homme à leurs mondes imperméables ; et que cette naissance au monde clos n’est autre que l’incarnation de ce que l’Homme appelle pompeusement le jugement ? Saviez-vous qu’à élucubrer ainsi, on peut parfaitement en conclure que le ver à une âme, parce qu’il se meut dans un monde de phénomènes ver et que ce monde est viable, mais que cette âme est tout simplement moins lourde parce que ses actions sont limitées à ne rencontrer que le soi-Monde et non pas soi-dans-le-Monde comme chez les mammifères ni non plus soi-dans-l’autre-dans-le-Monde comme chez les chimpanzés, les bonobos, les orang-outans, les dauphins, les élephants, les humains et les pies?
JF Paillard
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PS.
Et puis cette autre chose, qui n’a rien à voir avec le feuilleton, mais que je ne peux garder pour moi, après ces trois mois passés à mettre en ligne ces travaux bâclés dont je suis à la fois honteux et fier. (Peste soit de cette nouvelle gymnastique piégeuse consistant à nourrir à flux tendu la machine de ce qui tombe pêle-mêle sous la main: pépites parfois, chardons souvent, étrons sûrement). Bref. Je voulais en venir au fait que j’explore comme vous les blogs dits d’auteurs ou littérateurs (cette manière de harde échevelée à laquelle, si isolé que je sois et pour avoir si peu publié et si peu vendu que ce soit, je ne peux m’exclure.) Or, il y a ceci qu’à la lecture de beaucoup de ces blogs, j’ai constaté (à de notables exceptions près, connues de tous et que je n’aurai pas l’outrecuidance de citer) que contrairement aux modestes et géniaux sites et blogs d’amateurs anonymes passionnés, qui sont à peu près tous passionnants, véritables usines à fabriquer du rêve, du plaisir ou de la connaissance, notamment parce que le discours sur le moi y est hors de propos, la plupart d’entre eux sont à ce point infatués de leur auteur, si pleins de leur pauvre petite vie si sérieuse et vaguement indifférenciée (à crever! hurlerait Bessette : ils n’ont pas même compris qu’elle est la nôtre à tous!), si sonores et creux dans leurs raisonnements, si bêtement aveuglés par cette tension narcissique inhérente au blog et dont ils devraient tout faire pour se déprendre, notamment par l’humour et l’autodérision, si peu ouverts à d’autres expériences et à d’autres savoirs que purement littéraires (ce qui pourrait leur éviter de mettre un siècle à rompre avec cette infecte et prétentieuse prénotion qu’est l’autofiction comme ils ont mis un siècle à rompre naguère avec cet autre abjecte pont-aux-ânes que fut la morphopsychologie), si gros de jugements sur tout et n’importe quoi (dans le pire des cas sur ce petit monde littéraire qui n’existe pas et dont ils croient faire partie) et enfin si peu généreux en cadeaux virtuels vraiment littéraires, qu’à les lire, ils me font mal. Aussi, la faculté de juger autrui étant beaucoup plus développée chez l’Homme que celle de se juger soi-même, me vient à point nommé cette saine interrogation : cette même bêtise nombriliste et prétentieuse transpire-t-elle aussi dans mes site et blog ? Mon nez s’est-il pareillement collé si près des pièces de ma machine que je n’aurais rien vu venir de cette duperie-là ? J’ai soudain un doute devant l’évidence qu’un site d’ôteur doublé d’un blog contient de facto un immense potentiel de ridicule. Ce n’est donc pas de gaîté de cœur que j’attends pour confirmation vos légitimes railleries concernant mon site ici. Bilan très prochainement...
jeudi 16 octobre 2008