spécial

consommation 
de 
masse 

une série en 15 épisodes
d’après 
mes articles de presse


déjà paru :

 > le salon des arts ménagers 

> l’invention de l’hypermarché 

> l’épopée du nylon 

> l’histoire des congés payés 

>avénement des loisirs de masse 

>quelques élements sur la France et ses immigrés

> interview de Jean Baudrillard

(1) parus sous une forme raccourcie dans les magazines ça m’intéresse et philosophie magazine../../2009/1/17_conso_1.html../../2009/1/18_conso_2.html../../2009/2/5_conso_3.html../../2009/2/14_conso_4.html../../2009/5/11_conso_5_loisirs_de_masse.html../3/18_inegalites_4.html../../../../baudrillard.htmlhttp://www.caminteresse.fr/http://www.philomag.com/shapeimage_3_link_0shapeimage_3_link_1shapeimage_3_link_2shapeimage_3_link_3shapeimage_3_link_4shapeimage_3_link_5shapeimage_3_link_6shapeimage_3_link_7shapeimage_3_link_8

Quelques

repères chronologiques


13 av. J-C

L’empereur Auguste finance par l’impôt la retraite de ses légionnaires


Sous la Rome impériale, l'armée était composée d’engagés volontaires. L’empereur Auguste (63 av. J.-C. 14 ap. J.-C.) fixa la durée du service à 25 ans. Engagé à 18 ans, un légionnaire quittait donc la Légion à quarante-trois ans, « son corps usé par l’âge et généralement mutilé par les blessures… » (Tacite, Annales, I, XVIII). Il retrouve alors un petit capital épargne, plafonné à 250 deniers. Il bénéficie surtout d’une prime de démobilisation ou d’une dotation en terre substituée à celle-ci. Auguste fixa la prime de retraite  à douze mille sesterces ou trois mille deniers, soit douze années de la solde de base d’un légionnaire. Pour financer cette prime, il créa l’aerarium militare , le « Trésor militaire », approvisionné  par le «Vingtième », une taxe de 5% sur les héritages et le « Centième », une taxe de 1% sur toutes les ventes. Déjà à l’époque, des critiques s’élevaient à propos de la charge financière des retraites des vétérans et de la période de service des bénéficiaires ! « Le peuple, nous apprend l’historien romain Tacite (55-120 ap. J.-C), demandait la suppression de l’impôt du centième. Tibère déclara par un édit que ce revenu était la seule ressource du trésor militaire et que même la république succomberait si la vétérance était reculée jusqu’à la vingtième année de service » (Tacite, Annales, I, LXXVIII). L’Etat romain s’employa d’ailleurs à maintenir le plus possible les légionnaires sous les Aigles, allongeant au cours des âges la durée du service (qui passa de 16 ans à 25 ans). « Il accorda très peu de congés aux vétérans, écrit à cet égard l’historien Suétone (70-130 ap. J.-C.), espérant que la vieillesse apporterait la mort, et que la mort lui profiterait. » ( Suétone, Tibère, 48, 5) Un calcul profitable puisque selon l’historien A.R. Burns (1), un légionnaire romain sur deux n’arrivait pas à la retraite!


(1) A.R. Burns, « Hic breve vivitur,  a Study of the Expectation of Life in the Roman Empire”, Past and Present, 1953, pp.1-31.


1673

La retraite par répartition ? Une invention de la monarchie absolue !


Incroyable mais vrai. Symbole de justice et d’humanité, la retraite est une invention… de l’absolutisme royal ! Premier régime de retraite en France, celui de la marine Royale (ordonnance du 19 avril 1673) est une invention de Colbert, ministre de Louis XIV. Financé par une cotisation prélevée sur la solde des officiers de marine, c’est aussi le premier régime par répartition au monde. En 1768, une opération identique est réalisée à destination des employés des impôts (Ferme générale).


1853

En France, Napoléon III chouchoute ses fonctionnaires…


Six mois presque jour pour jour après que Louis-Napoléon a instauré le Second Empire, une loi organise un régime de pension par répartition des fonctionnaires géré par l’État (Loi du 9 juin 1853). Magnanime, elle fixe l’âge normal de départ à la retraite à 60 ans et à 55 ans pour les travaux pénibles. Les bénéficiaires sont non seulement les fonctionnaires civils et les personnels militaires, mais aussi les marins du commerce et de la pêche, les comédiens du Théâtre Français, les agents de la Banque de France et de l’Imprimerie Nationale. En dehors du secteur public, le développement de l’assurance-vieillesse est beaucoup plus timide. En ce qui concerne les travailleurs du secteur privé, des premiers dispositifs sont apparus en 1804, avec les Caisses de secours mutuels, mises en place par les ouvriers eux-mêmes et très pauvrement dotées.


1883

…Tandis qu’en Allemagne Bismarck, chancelier du Reich, étend la retraite aux ouvriers.


De l’autre côté du Rhin, un autre état autoritaire – le Reich allemand de l’empereur Guillaume II – est, lui aussi, à l’origine d’une avancée sociale majeure. Afin de s’attacher la classe ouvrière et contrer les menées socialistes et socio démocrates, Bismarck instaure un système d’assurance obligatoire par répartition, financé à la fois par les cotisations ouvrières et Patronales. Pendant longtemps, ce système véritablement révolutionnaire sera, de loin, le plus avancé au monde ! Jusqu’en 1910, les caisses de retraites ne concernent en France que quelques corps de métiers à l’avant-garde des luttes sociales (mineurs en 1894, cheminots en 1900, chemins de fer en 1909)


1910

En France, l’idée d’un droit à la retraite pour tous les salariés prend vraiment corps avec la Loi du 5 avril 1910 créant les R.O.P. (Retraites ouvrières et paysannes).


Ces retraites volontaires étaient assises sur la capitalisation, l’épargne personnelle bénéficiant individuellement aux souscripteurs. Las ! Mobilisés en 1914, les cotisants cessèrent massivement d’assurer leurs versements et les caisses firent faillite les une après les autres (trouver des exemples…) Il faudra attendre la Loi du 30 avril 1930 pour que soit créé en France le tout premier régime d’assurance-vieillesse obligatoire pour les salariés un mixte de capitalisation et de répartition. Là encore, la capitalisation permit d’accumuler des sommes importantes. Mais cette fois-ci, c’est l’inflation galopante des années trente qui réduisit les montants à néant, aggravant la misère de bon nombre de personnes âgées.


Années 40 :

Triomphe de la retraite par répartition.


C’est sous le régime de Vichy et non à la Libération, comme on le croit souvent, que fut généralisé en France le passage au système intégral de répartition (Loi du 14 mars 1941). La même Loi instaure l’Allocation aux Vieux travailleurs salariés pour venir en aide aux anciens salariés dépourvus de ressources et non couverts par le régime des A.S. Le système est mis en place par un certain René Belin, ancien dirigeant de la CGT devenu ministre du Travail du régime de Vichy. La loi du 22 mai 1946 institue les régimes de base de tous les assurés sociaux, quelle que soit leur profession, et encadre la création des régimes de retraite complémentaire obligatoires. C’est Pierre Laroque, père fondateur de la Sécurité Sociale, qui fut chargé dès septembre 1944 par Alexandre Parodi, Ministre du Travail et de la Sécurité sociale du premier gouvernement de la France libérée, de mettre en œuvre le Plan français de protection sociale, dont le projet avait été finalisé à Alger par le Comité de Libération Nationale. L’âge de la retraite prévu par l’ordonnance de 1945 est 65 ans. ..


1953

Les premières grèves au secours des retraites


La première attaque directe contre le système en place interviendra en 1953. Elle visera, d’une part les régimes spéciaux (entreprises nationalisées et services publics) jugés trop généreux et devant être alignés sur le secteur privé et, d’autre part, l’âge de départ en retraite - 65 ans - que l’on proposait déjà à l’époque de reculer en raison de l’augmentation de l’espérance de vie. Il en résultera un mouvement de grève fulgurant qui, partant du « public » entraînera le « privé » paralysant la France en plein milieu des vacances. Grâce à ce mouvement de grèves sans précédent, cette première « contre-réforme » sera aussitôt retirée.


1956

Le scandale de la « vignette auto »


En 1956, pour améliorer le sort des pensionnés n’ayant pas ou ayant faiblement cotisé pour leur retraite, est créé le Fonds national de solidarité (FNS), alimenté principalement par une taxe perçue sur les véhicules automobiles.Pendant plus de quarante ans, les gouvernements de la IVe et de la Ve République, percevront cette taxe (dite « vignette-auto ») de plus en plus « juteuse », du fait de l’énorme extension du parc automobile, sans que les vieux nécessiteux en profitent le moins du monde...


1962

Pierre Laroque doute déjà de la pérennité de son « bébé ».


En 1962, Pierre Laroque, considéré comme le « père fondateur » de la Sécurité sociale de 1945, publia un rapport concluant à un grave danger encouru par les régimes de retraite, en raison de l’évolution démographique de la France. Unanimement salué pour sa pertinence, ce texte sera oublié, dès lecture faite, et les choses suivront leur cours, comme si de rien n’était ! En 1970, Laroque récidivera, sans plus de succès avec un rapport sur le vieillissement de la France.


Années 50 à 70

Naissance des retraites complémentaires, filles des « Trente glorieuses »


On s’aperçut vite que la retraite servie par la Sécurité sociale était insuffisante et qu’il fallait lui ajouter d’autres étage. Dans ce dessein, on eut recours à des « caisses complémentaires » qui, branche par branche, verront le jour rapidement. Elles fonctionneront, elles aussi sur le principe de la répartition. En 1947, est créée une Caisse complémentaire des cadres (Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres, AGIRC) et en 1961, une caisse complémentaire des salariés non-cadres (Association des Régimes de Retraite COmplémentaire, ARRCO), l’une et l’autre coordonnant 46 caisses au rendement très varié et concernant de multiples branches. Toutefois, l’adhésion à ces organismes n’était pas obligatoire. Le système généralisant la retraite complémentaire à tous les salariés du secteur privé ne verra le jour qu’en 1973. Ces dispositions améliorent la situation des retraités, d’autant que les pensions suivront d’assez près les majorations de salaires fréquentes et substantielles en cette période de forte inflation, par le biais d’une « échelle mobile des salaires », qui jouera son rôle de régulateur.


1971

Première contre-réforme avec la « loi Boulin »


La loi « Boulin », promulguée en 1971, fit passer de 120 à 150 le nombre de trimestres à prendre en compte pour faire valoir ses droits à la retraite.


1983

Mitterrand abaisse l’âge de la retraite à 60 ans.


Folie ? En 1983, malgré la récession, la montée du chômage etc. l’âge de départ en retraite est abaissé à 60 ans (l’âge légal demeurant toutefois fixé à 65 ans), comme promis par Mitterrand dans son « programme commun ». Le taux plein est de 50%, pour 37 ans et demi de cotisations dans un ou plusieurs régimes de base. Les partenaires sociaux décident d’harmoniser les régimes complémentaires sur les mêmes bases.  Dans un même mouvement, la semaine de travail est ramenée à 39 heures et la 5e semaine de congés payés généralisée. A cette date, les plus de 80 ans sont 600 000. Leur nombre est passé à environ 1 200 000 en l’an 2000…


1991

Le « Livre blanc sur les retraites » inaugure une série de rapports alarmants sur l’avenir de la retraite par répartition.


Préfacé par Michel Rocard (ce qui en dit long sur le revirement de la doctrine socialiste sur le sujet), le livre alimente le débat entre tenants et opposants de la répartition. La même année est créé l’Observatoire des Retraites qui a pour objet d'encourager l'étude et l'analyse de tous les systèmes de retraites. C’est la même année, également, que Michel Rocard instaure la Contribution sociale généralisée (CSG) à laquelle seront assujettis les retraités en 1998. Après la publication en 1999 du rapport « Charpin » intitulé « L’avenir de nos retraites », suivront le rapport « Teulade » sur l’avenir des systèmes de retraite, rapport « Taddéi » traitant des retraites choisies et des retraites progressives et enfin le rapport « Balligand-de Foucault » situant « L’épargne salariale au coeur du débat social »…


2003

Avec la « Loi Fillon », la retraite par capitalisation montre de nouveau le bout de son nez.


Lors du Conseil européen de Barcelone, en mars 2002, injonction est faite aux Etats membres de fixer l’âge moyen de départ en retraite à 63 ans à l’échéance de 2012 et d’encourager sans délai les « plans d’épargne professionnels » par capitalisation. Un an plus tard, la « Loi Fillon » (ministre de l’Emploi et de la solidarité) incite les Français à se constituer une épargne retraite en supplément des régimes obligatoires. Les sommes sont bloquées jusqu'au départ à la retraite ; elles sont alors versées sous forme de capital ou transformées en rente viagère. En 2004 c’est le lancement du Plan d’épargne retraite populaire (PERP) aux résultats très mitigés : les salariés redoutant les aléas boursiers. L'épargne retraite représenterait pour 2008, tous dispositifs confondus près de 125 milliards d'euros d'encours.


2006

Les premières générations du baby boom arrivèrent à l’âge de la retraite.


C’est en 2006, 60 ans après les ordonnances de 1945, que les premières générations du « baby boom » (1) arrivèrent à l’âge de la retraite -  avec une espérance de vie, à 60 ans, de près de 20 ans. Pendant 28 ans, ces générations nombreuses vont s’empiler les unes sur les autres, pesant lourdement sur le système de retraite par répartition, d’autant qu’elles sont remplacées depuis 1974 par des générations moins nombreuses. Ce phénomène est amplifié par le fait que ce sont les classes nées dans les années 1920 qui arrivent à l’âge de la fécondité. Or dans les années 1920, juste avant le ralentissement de la natalité dans les années 1930, il y avait eu une sorte de rattrapage « euphorique » des lendemains de guerre et donc pas mal de naissances. Par ailleurs, L’espérance de vie progresse de 3 mois par an.


(1)En 1946, il y eut environ 200 000 naissances de plus qu’en 1945... Ce très fort taux de natalité se maintiendra en France jusqu’au milieu des années 1970.


2008

La crise financière fait changer l’Argentine de doctrine


Un signe ? L'Argentine, qui avait instauré le système de retraite par capitalisation dans les années 1990, sous Carlos Menem, est revenue à un système de retraites par répartition en 2008 suite à une réforme du gouvernement de Cristina Kirchner. L’adoption, à une écrasante majorité du Parlement, de la loi de nationalisation des retraites proposée par le gouvernement, le 7 novembre 2008, fait suite à la trop grande dépendance du système des aléas des bourses mondiales (qui du reste ont mis l’Argentine sur la paille…).


2010

Le gouvernement remet en cause de l’âge de la retraite et la durée de cotisation.