special noel me vendre
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Spécial Noël
à lire à voix haute, entre amis, au moment de l’après dinde, c’est-à-dire du dégorgement. Version 2.
Me vendre / poeme-cadre 2
Me vendre. J’aimerais me vendre. J’aimerais me vendre bien pour m’acheter. J’aimerais me vendre bien pour m’acheter à Noël, tiens, cette chose-là, cette forme plate, tout confort, cette nouvelle plate-forme d’achat avec roues jantées jambières écartées cuir épais de pure élégance naturelle, aussi bien en possession ouverte que fermée, ma main brute de bruit mat sur volant sport, mon poignet à montre lourde qui va infiniment plus loin que le simple raffinement technologique de la chaussure de l’ingénieur d’affaires de base, l’ensemble cher et tout options me faisant découvrir une nouvelle façon d’apprécier le vent incontournable d’une double compétence rare et recherchée dans des états-majors aux reflets de marbre et cuir gras, façon siège social pétrolier avec portique à carte magnétique et sensibilisation au respect de la bonne gouvernance environnementale surpiquée de comptabilité analytique made in USA, avec son retour en force de la chemise trois plis quand résonne au loin, au claquement sec du talon incontournable de l’anticonformisme chic, le retour de la cravate en soie tissée main d’enfant, avec sa saharienne revisitant la veste ville sur pantalon sport aux tons désert, ou dans l’esprit « côte ouest », son arrogance mafieuse ton sur ton anthracite façon trader en marketing communicationnel ou encore son traditionnel costume trois pièces chaussures sur mesure d’homogénéisateur en écran mobile, licol tactile, story telling, produits dérivés et pack de collaborateurs fidèles parqués en open space et disant yes sir ! en globish, leur langue presque natale à deux cents mots secure et validés inculquée en séminaires de narrow minding, mais sans débordement ; et pendant mes vacances, courtes, mais intenses, j’aimerais m’acheter cette rare piscine à débordement, ces chuchotements devant Dom Pérignon vintage sur plage transat Ko Samui, ce plan sur comète de longine normande avec poutres apparentes et tommettes au sol et, si tant soit peu fin saoul en fin de soirée, m’acheter cet espoir tour du monde en voilier façon changement de vie radical - job femme et enfants exit, comme un secret rappel du plaisir de n’avoir rien lu qui ne fût transformé en Master de développement international, rien réalisé qu’une conduite de chaussure de n+1 inscrite dans la durée, un vaste plan de renouvellement des process et un dézinguage en règle des concurrents à la course en épaisseur-moquette et rien pensé qu’une manière d’intuition chic du retour en force de l’ignorance cynique d’école de commerce, avec ses mba d’importation, sa calculette de conversion de l’Humanité en euros et sa garde-robe intemporelle convoyant sans effort l’idée que l’œuvre d’art d’allure authentique en marque de prestige sous-traitée en Inde et vendue au Qatar est une idée « d’allure art » pourvu qu’elle soit à taille de cadre sup en talonnette présidentielle ignorante de tout sauf des affaires courantes portées boutonnière, avec cette manière de dialoguer en permanence-gourmette avec soi-même en homme de caractère anti-imprimerie, au style immémorial, mais différent, c’est-à-dire rapide et borné par son goût naturel des roues jantées, des mots appris par cœur dans le best seller à deux cents mots du courage anglo-saxon, façon prestige luxe sans effort apparent, à peine s’il fait mine de remarquer son écran plat jamais vu auparavant, comme un vent de modernité et d’inattendu au cœur d’un univers rare réunissant le charme de l’accueil dans le cadre calme et élégant d’une résidence clôturée où l’on aime tant recevoir. Mais pas avant le prochain Noël.
© jfp 2008.
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> un monde cadeau : le roman (et un excellent cadeau de Noël !)
> poeme-cadre 1 (ce texte fait actuellement l’objet d’une réécriture et d’une vidéo)
La vie rêvée : > le texte > les images
Plan masse : > le texte > les vidéos
jeudi 18 décembre 2008
jean-françois paillard - 2002